Limbo

Limbo est un roman de SF de Bernard Wolfe publié en 1952. Le Livre de poche nous propose une nouvelle traduction avec une préface inédite en plus de celle de l’édition précédente. Sur la quatrième de couverture on peut lire :

« Attention au rouleau compresseur ! La société. La machine. La guerre… Soyez des pacifistes intégraux ! Faites-vous couper les membres !

1990. Après dix-huit ans passés sur une île perdue au milieu de l’océan indien, où il s’est réfugié pour échapper aux horreurs de la Troisième Guerre mondiale, le Dr Martine décide de retourner à la civilisation. Il va découvrir une société pacifiste qui, pour mettre définitivement fin aux conflits, a trouvé une solution d’une simplicité radicale : afin d’éviter que les hommes en viennent aux mains, il suffit qu’ils n’en aient plus… C’est l’Immob.

Limbo est le roman incontournable de Bernard Wolfe. C’est en 1952 que l’auteur imagine, dans ce texte prophétique puissant, une société régie par l’Immob. Un classique de la science-fiction à (re)découvrir dans une traduction intégrale inédite. »

Pour être honnête avec vous, je ne lis pas souvent les préfaces des œuvres que j’ai entre les mains. Mauvais souvenirs de lycée certainement, quand ma chère prof de français nous a collé une préface en guise de texte possible à l’oral du bac. La deuxième raison est que je préfère me plonger directement dans mon bouquin plutôt qu’en lire une analyse préalable.

J’ai découvert ce roman par hasard, en fouillant sur Internet à la recherche de nouveaux titres à ajouter à ma déjà (très) longue liste. Je voulais sortir un peu de mes univers de prédilection, la fantasy et le fantastique/bit-lit, pour m’orienter vers la SF qui me tente depuis un moment déjà. Le résumé m’a tout bonnement attirée : j’étais vraiment curieusement de voir si ce Bernard Wolfe était réellement un devin pour envisager une vision des choses en 1952 qui soit toujours valable aujourd’hui. Et je n’ai pas été déçue, pour ce point-ci en tout cas.

Le traitement du sujet pourrait paraître banal de nos jours mais en se replaçant dans le contexte de parution, il apparaît comme vraiment novateur et son côté prophétique est bien présent. En effet, avec les attentats et les conflits qui continuent de secoués le monde, on peut se demander quand commencera la Troisième Guerre mondiale.

Le fait de découvrir ce nouveau monde post-conflit en même temps que le personnage principal permet au lecteur de vraiment comprendre ce qu’est l’Immob, quel est son fonctionnement. Bien que le texte soit à la troisième personne, il est facile de s’imaginer pourquoi Martine a telle ou telle réaction. Chaque idée de cette nouvelle société pacifiste est très détaillée, trop détaillée. Les mots choisis sont complexes, relevant du vocabulaire scientifique à la limite du profane. Malgré des études censées se rapprocher de certains concepts, il m’a fallu parfois un bon moment avant de comprendre de quoi il en retournait. J’avoue même avoir parfois perdu le fils et laissé quelques lignes incompréhensibles pour mon esprit à ce moment-là. C’est d’ailleurs le plus gros point négatif de ce livre. L’auteur a voulu pousser au maximum la création de son univers, détaillant autant qu’il le pouvait les démarches scientifiques, les fondements de l’Immob, les réflexions du neurochirurgien, au détriment du confort de lecture et parfois de la compréhension pour des non-initiés.

Toutes fois, si l’on parvient à s’accrocher suffisamment pour continuer, on trouve un texte empli de principe moraux très bien expliqués et qui, si l’on prend le temps de les assimilés à la société actuelle, reflètes parfaitement les Hommes. La philosophie et la psychanalyse sont une grosse partie de ce livre. Si ce n’est pas votre dada, je vous conseille de tout simplement passé votre chemin. Mais pour qui s’intéresse aux représentations sociétales et à l’évolution de l’être humain en fonction de son environnement, ce livre est un petit trésor qui donne lieu à des réflexions personnels et plus globales sur notre monde. Le personnage du Dr Martine est un personnage complexe. On suit son histoire avec sa vision du monde et c’est peut-être aussi ce qui rend son analyse si poussée et la lecture si difficile.

Pour conclure, je recommande ce roman aux bons lecteurs, aux fans de SF qui n’ont pas peur de se perdre dans les méandres d’une société complexe et à tout ceux désireux de découvrir une nouvelle vision du monde à travers les yeux d’un auteur du XXème siècle.

En tout honnêteté, c’est la première fois qu’un roman me donne autant de fil à retordre depuis les classiques du lycée ! Il m’a fallu plus de deux mois pour en venir à bout avec parfois le besoin de faire des pauses et de lire des œuvres plus légères. Mais s’il l’on parvient à trouver son second souffle, l’histoire ne nous déçoit pas.  

 

 

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